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Titre du blog : AVOINE du Saulnois
Auteur : avoine
Date de création : 08-11-2011
 
posté le 13-02-2013 à 15:03:22

projet d'usine de méthanisation dans le Saulnois

MÉTHANISEUR du SAULNOIS : PRUDENCE !

 

Répondant à l'invitation de l'association AVOINE, les porteurs du projet avec à leur tête Laurent Paté, Président de "Méthanisation Seille Environnement", ont, pendant plus de deux heures, présenté à la nombreuse assistance ce que devrait être ce projet novateur.

 

 Alain Badoc, le "Monsieur Méthanisation" de la chambre d'agriculture a d'abord expliqué ce qu'était un méthaniseur. Laurent Paté et Michel Rémillon ont détaillé celui du Saulnois.

L'assemblée a pu, tout au long des interventions, poser toutes les questions auxquelles ont patiemment répondu les membres de "Méthanisation Seille Environnement". Le débat a porté surtout sur la philosophie du projet et sur l'avenir de l'agriculture dans le Saulnois.

 L'association AVOINE qui avait préparé cette réunion, disposait de nombreux arguments à opposer aux promoteurs du méthaniseur. En effet, ce type de projet fait débat et bien qu'AVOINE ne rejette pas l'idée de la méthanisation, le problème réside dans le risque de changement de vocation des terres agricoles. Le méthaniseur fonctionne avec l'apport des effluents des animaux (peu méthanogène) mais doit aussi recevoir d'autres apports pour une bonne et efficace fermentation dans le digesteur.  Ce pourrait être des déchets verts de la CCS, des déchets des particuliers, des déchets des cantines (apports actuellement à l'étude), mais ça sera aussi de la paille et des cultures appelées "dédiées" comme le maïs au fort pouvoir fermentogène.

 La crainte majeure d'AVOINE est qu'on induise une modification d'usage des terres agricoles  en instaurant une concurrence de ses usages. La production de gaz viendrait alors se substituer à la vocation alimentaire de l'agriculture au même titre que les « biocarburants ». A terme, des éleveurs pourraient même abandonner l'élevage au risque de voir le secteur transformé en "Maïsland"

 

Laurent Paté, Michel Rémillon mais aussi Bernard Lemmens, ingénieur qualité au GPB (Groupement des producteurs de blé) ont tenté de rassurer les membres d'AVOINE. Les apports en maïs seront limités. C’est du moins ce qu’ils affirment… Michel Rémillon a aussi rappelé les contraintes liées au programme Natura 2000 qui protège l'environnement de la haute vallée de la Seille.

 AVOINE s’interroge de la réelle efficacité de l’épandage du digestat sur les captages :  

 

L’azote du digestat se présente sous forme minérale à 80% contrairement au fumier de bovin à 80% sous forme organique. Cette différence est très importante : Si l’azote organique est assez bien retenu par le sol et assimilé par les plantes de façon progressive, il n’en est pas de même pour l’azote minéral (contenu en importance dans les lisiers, digestats de méthanisation ou nitrates de synthèse). Très soluble, il est directement disponible pour les plantes, mais tout excès percole irrémédiablement en profondeur du fait de l’absence de fixation dans le sol. Il rejoint ainsi les eaux souterraines et/ou superficielles.

 AVOINE se questionne aussi sur les pratiques remises en cause par une telle usine :  

 

incompatibilité d’un tel système avec une agriculture durable (dite de conservation), qui préconise de :

-   couvrir le sol le plus possible avec une diversité des cultures et des couverts, intercultures.

-   restituer les résidus de récolte et les couverts au sol
 

Ce projet de méthaniseur regroupe 18 agriculteurs du secteur regroupé pour l’occasion en association : ce sera donc une usine qui traitera un grand volume d’effluents agricoles. Il sera situé au carrefour de Marsal, face à Haraucourt, à droite en allant sur Dieuze. Michel Rémillon annonce qu’ils ont déjà l’accord des bâtiments de France pour l’implanter. Quant au financement, il est assuré par les agriculteurs qui espèrent bien recevoir des subventions (ils peuvent espérer 40-50 %). Cette « usine à gaz » sera rentable dans les 8-10 ans … sans tenir compte des subventions.  
 
On ne sait pas si au terme de la réunion les participants ont été convaincus mais on peut se féliciter de la haute tenue des débats et de la qualité des échanges. Des échanges qui auront permis d'éclaircir certains points, de mettre en avant les craintes des uns et des autres, mais aussi de se poser des questions éthiques sur le bien fondé d’une telle entreprise. Le projet, qui en est à ses balbutiements selon les porteurs du dossier, (si tout se passe bien, le méthaniseur fonctionnerait en 2016) sera l'objet d'autres réunions, d'autres débats puisque l'association "Méthanisation Seille Environnement" s'engage à la transparence dans la gestion de ce dossier.

Pour conclure et avant d'inviter l'assemblée à déguster gâteaux et breuvages préparés par ses collègues, la Présidente d'AVOINE, Sylvie Rose a prévu d’organiser la visite d’un méthaniseur à Mignéville (54) et à Ribeauvillé (68), avec les personnes intéressées.